L'Empire d'Irosia

Alexandre, aujourd’hui Empereur d’Irosia, est né dans un monde en guerre. Le continent d’Erédias, berceau du royaume d’Irosia et du futur empire était déchiré depuis toujours par tous les conflits possibles : territoire, religion, commerce, honneur… Voisin contre voisin, frère contre frère… Le jeune Alexandre lui-même dut combattre sa propre mère.

Lorsqu’il monta sur le trône, il se lança à l’assaut de tous ses voisins, brisant leurs défenses et prenant leur capitales. Cependant une fois les cendres retombées, les vaincus virent arriver les fameux prêtres blancs d’Irosia et une étrange légion portant un ours sur ses bannières. Les prêtres soignèrent les blessés et les légionnaires réparèrent les dégâts. Alexandre se rendit dans ses nouvelles provinces et annonça que tous les habitants étaient désormais citoyens du Saint Empire d’Irosia et qu’ils seraient gouvernés selon les principes suivant :



I. Tout citoyen, sans distinction de rang ou de race, peut en appeler à la force et à la loi de l’Empereur lorsqu’il est menacé.

II. Aucun citoyen ne peut être la propriété d’autrui. En passant sous l’autorité de l’Empire il est de fait libéré de son statut d’esclave.

III. L’Empire s’engage à protéger les frontières de ses provinces et à en préserver les traditions et les cultes tant que ceux-ci ne mettent pas en péril la sécurité et la liberté d'un citoyen de l'Empire.

IV. Tout litige entre Provinces sera tranché par l’Empereur ou son représentant et la décision prise aura force de loi.

Il annonça également que sa conquête serait la dernière des guerres et qu’elle prendrait fin une fois que Drakerys serait uni et en paix.

Au fil des années, tout le continent d’Erédias fut conquis, et même les plus violents détracteurs de l’empereur le reconnurent : de mémoire d’homme, il vivait sa première vraie période de paix. L’Empereur regarde désormais vers la mer.

L’Empire

Les différentes provinces de l’Empire d’Irosia forment un patchwork complexe de cultures, de religions, de paysages. Des riches et raffinés marchands de la côte de Dandale aux rudes cavaliers du Jarahat, vous croiserez toutes sortes de population. Vous croiserez également toutes sortes de races : aux cotés des humains, certes majoritaires, vivent des Elfes, des Orcs ou des Nains.

L’empire s’étend sur un immense territoire comprenant un continent entier ainsi que plusieurs grandes îles et archipels. Il se situe entre le continent d’Ashral à l’Ouest et les terres des Hordes de Xao à l’Est.

Les Anges

Impossible de dissocier Irosia et ces créatures du Maelstrom. Les deux sont liés depuis des siècles, et ce lien est tellement fort qu’ils arrivent à les sortir de leur torpeur pour de brève période. Les historiens irosiens affirment que ce lien fut, il y a plusieurs siècles, tellement puissant que tous les Anges furent réveillés durant plusieurs années. Ils auraient sauvé Irosia de la destruction et ils auraient enseigné bien des choses aux Irosiens de l’époque.

Ils sont aujourd’hui priés par les Irosiens qui les considèrent comme leurs guides et leurs protecteurs. On trouve leurs sanctuaires et leurs prêtres blancs partout dans l’Empire.

Le Gouvernement

Irosia est dirigé par l’Empereur Alexandre, Aimé des Anges, Protecteur d’Irosia et Général d’honneur de la Légion du Lion. Ses ordres sont relayés par la Maison Impériale, sorte de noblesse d’empire que l’on ne rejoint que par la volonté de l’Empereur et où aucun lien du sang n’a de valeur. Le rôle de l’Empereur et de sa Maison est de régner sur l’empire dans son ensemble et de décider de sa politique extérieure. Les Provinces, elles, sont gérées par des gouvernements locaux où se retrouvent des élites déjà en place avant l’empire et des représentants de la Maison Impériale.

Maintenir l’Empire en un tout est quand même un travail ardu et l’Empereur, pour y réussir, s’appuie sur les deux piliers de son pouvoir : le Cultes des Anges et les Légions.

Les Piliers de l’Empire

a. Le Culte des Anges

Au sein de l'Empire d'Irosia chacun est libre d'adorer le dieu de son choix, pour peu qu’il s’acquitte des taxes et qu’il obéisse aux lois impériales. Cependant il y a une religion d'Etat, le Culte des Anges. Son clergé est omniprésent dans la vie des citoyens. Il n'y a que les Clercs qui ont le droit d'enseigner, de soigner, d'étudier les sciences classiques et occultes, la majeure partie des juristes et des administrateurs sont des leurs. Cette religion fait le pont entre Irosia et ses Gardiens ancestraux, les Anges. Ils sont liés au royaume par un serment très ancien qui les engage à guider et à protéger. Il leur arrive en de rares occasions d'accomplir des miracles voire d'apparaître pour marcher au côté des Irosiens. Cependant ils sont sévères: ils récompensent le juste et punissent le pécheur.

Oui en Irosia chacun est libre d'adorer le dieu de son choix, mais n'oubliez jamais que les Anges et leurs serviteurs sont partout et qu'ils vous voient.

b. Les Légions

Les Légions d’Irosia ont ôté le sommeil à plus d’un chef de guerre. Cette infanterie professionnelle composée de soldats équipés, entraînés et disciplinés, a conquis et pacifié un continent entier en moins d’une vie d’homme. Au fur et à mesure de leur progression à travers Erédias, les Légions ont décuplé leurs effectifs, intégré de nouvelles tactiques et maîtrisé de nouvelles armes. Soutenues par des cavaliers et des artilleurs, elles ont prouvé qu’elles pouvaient s’adapter à de multiples champs de bataille et la conquête de plusieurs archipels a montré que les Océans ne les arrêteraient pas non plus.

Au sein de l’Empire, la Légion est un ascenseur social. Au niveau des Provinces où leurs années de service leur octroient des terres et des postes, les anciens de la légion ont une influence certaine. Au niveau impérial, la plupart des membres importants de la Maison Impériale ont commencé leur carrière comme officier des Légions. L’Empereur lui-même leur doit le trône.



Le retour du Maelstrom

Le Maelstrom a changé l’équilibre des forces. Ses effets se font sentir partout et l’Empire a dû marquer une pause dans son expansion pour consolider ses assises et gérer la situation à l’intérieur de ses frontières. Des rébellions menées par des agitateurs que le Maelstrom a doté de pouvoirs étranges commencent à se déclarer, de même d’anciennes et de nouvelles religions y voient la concrétisation de textes, de prophéties et autres légendes et se lancent dans des actions parfois violentes, parfois absurdes, souvent tragiques. Se rajoutent tous les mécontents qui veulent profiter de ces troubles pour affaiblir voire renverser l’Empire. Face à tout cela l’empereur prend des mesures drastiques et semble prendre le dangereux chemin de la tyrannie.

Beaucoup disent que bientôt tout s’arrangera, car le Maelstrom réveillera les Anges qui apporteront un âge d’or en Irosia. Certains ont des doutes, car tous les Anges ne sont pas des saints.

Le message

La vieille femme errait dans les couloirs comme à son habitude quand elle entendit les éclats de voix.

Elle eut un petit sourire, enfin une distraction...

Elle trouva deux gardes en train de se disputer violemment avec un jeune officier portant l’or et le sinople de la Légion du Léviathan.

Sans même hausser le ton, elle mit fin à l’esclandre :

« Que se passe-t-il ? »

Les deux gardes mirent genou à terre :

« Ma Dame, il prétend avoir un message pour le Conseil de l’Empereur, et il refuse de nous le donner ! »

L’officier donna une claque dans le cimier des gardes.

« Je vous dis depuis un quart d’heure que mon général m’a ordonné de le remettre en main propre ! C’est propre que vous n'avez pas compris ? »

La vieille dame soupira :

« Je vais m’occuper de ce jeune homme messieurs. »

Le jeune officier donnait le bras à la vieille femme qui semblait connaître chaque recoin du Palais.

« Vous êtes officier des Légions Embarquées ? »

« Pas encore, ma Dame, je suis un des Aides de Camp du Général Haddenhelm. »

« Vous ferez carrière. Haddenhelm n’aurait pas envoyé n’importe qui à la rencontre de l’Empereur. »

« Je vous remercie ma Dame. »

« Ce qui me fait penser… Vous n’avez pas fait vos classes ici, à Eden ? »

« Non, ma Dame, l’Ecole d’Officiers des Légions Embarquées se trouve dans la province de Dandale. »

« Vous êtes donc nouveau dans notre belle Capitale ! Comme c’est rafraîchissant ! Suivez-moi, il y a une chose que vous devez absolument voir. »

« Je crains de ne pas avoir le temps… »

« Ne vous en faîtes pas, l’Empereur doit écouter les doléances cet après midi, il en a pour plusieurs heures. Si vous êtes amené à occuper un poste élevé, il vous faut absolument voir cela une fois. C’est très instructif. »

Ils se rendirent jusqu’à un balcon richement décoré. Un fauteuil surmonté d’une tête de lionne en ébène y trônait majestueusement. La vieille dame invita le jeune homme à regarder par le balcon.

« Que voyez-vous ? »

« C’est la salle du trône. »

Il s’agissait d’une pièce immense et épurée où une petite foule attendait le souverain. Un trône sobre fait de marbre blanc installé au sommet d’une volée de marche dominait la salle.

« Pas seulement, regardez mieux. »

Il se pencha.

« Je ne sais pas... L’élite de l’Empire ? »

« C’est Irosia que vous avez sous les yeux. »

La vieille dame s’était installée dans le fauteuil à tête de Lionne. Siéger ainsi semblait l’avoir transformée, elle avait l’air plus grave, plus autoritaire, plus royale…

« Voyez-vous, jeune homme, en regardant cette salle vous saurez tout ce qu’il y a à savoir sur l’Empire. La salle en elle-même est un symbole. Monochrome, sans fioriture, massive, c’est comme ça que le monde voit le Paladinat d’Irosia. Mais dans cette pièce comme dans l’Empire, il y a des gens. C’est là que cela se complique. Au centre de la pièce vous avez le peuple, venu se plaindre. Chose amusante, les gens du peuple ne font jamais le voyage jusqu’à Eden quand tout va bien, pour remercier l’Empereur. Ils ne nous visitent que lorsqu’ils sont mécontents. Diriez-vous qu’ils sont bien installés ? »

« J’ai entendu dire que certains devaient attendre plusieurs jours debout dans cette pièce avant d’être entendu par l’Empereur, les aristocrates eux ont des sièges réservés et ont leur sert à boire. Je serais donc tenté de dire que non. »

« Et vous avez raison. Leur quotidien est souvent dur, ils sont confrontés à l’injustice et à la moindre incartade les gardes leur tombent dessus. Cependant et malgré des journées exténuantes, l’Empereur Alexandre, accorde 3h par jour à leurs doléances. Être citoyen d’Irosia n’est pas chose facile mais cela octroie des droits comme celui de venir plaider sa cause devant le maître d’un continent entier. Intéressons nous à ceux qui sont mieux lotis. Que pouvez-vous me dire sur eux ? »

« Il y a toutes sortes de gens : des nobles, des religieux, des militaires… »

« Un joyeux bazar n’est-ce pas ? Mais vous remarquerez deux groupes : un qui est installé au pied du trône, l’autre qui se terre près de la porte d’entrée. Ceux près du trône, sont des gens comme vous. »

La vieille dame vit le jeune officier se contracter. Elle sourit.

« Allons ne vous vexez pas. Je vous l’ai dit cette salle, c’est Irosia, il faut bien que vous soyez quelque part. Ils forment une caste nouvelle qui est apparue lorsque l’Empire s’est bâti. Ils n’ont aucune légitimité, pas de digne lignée derrière eux, pas d’ancêtre mythique pour la plupart. Mais ils ont faim et leur doctrine est simple : le triomphe du plus fort. Cependant si ce plus fort faiblit, un autre se hissera sur sa dépouille. Le parfait état d’esprit pour servir un conquérant, mais pas longtemps. »

Le jeune officier se leva contenant sa colère.

« Je vous prie de m’excuser, je dois accomplir ma mission avant que quelqu’un ne se hisse sur mon cadavre. »

« Allons, allons, ne soyez pas ridicule, revenez. Je vous prie de m’excuser, je deviens trop directe avec l’âge… »

L’officier se rassit.

« Vous avez tort. Croire qu’un homme doit être jugé sur ses mérites ne fait pas de moi un arriviste sans scrupule. Je suis au service de ma Légion et je mourrai pour la protéger, elle et l’Empire. »

« Et à la façon dont vous avez malmené ces idiots de gardes, vous semblez être un homme de convictions. Je me permets toutefois une question : pour devenir vous-même officier, ne faudra-t-il pas que l’un de vos supérieurs meure ou quitte le service ? »

Le jeune homme ne répondit pas. Il resta silencieux pendant un instant puis se tourna vers la salle du trône.

« Et l’autre groupe ? »

« L’autre groupe ? »

« Celui près des portes. »

« Ah oui ! Il est tout aussi fascinant. Savez-vous pourquoi ils se sont installés là ? »

« Pour s’enfuir plus vite en cas d’incendie ? »

La vieille dame faillit s’étouffer de rire. Elle finit par reprendre son souffle.

« Tellement naïf et tellement vrai. Non. C’est l’endroit le plus éloigné du trône. Ils peuvent conspirer en toute tranquillité contre l’Empire. Vous avez d’un côté de la porte la vieille noblesse d’Irosia. Eux des ancêtres mythiques et des glorieuses lignées ils pourraient s’étouffer dessous. Mais par cupidité ils ont tourné le dos au roi Léon V, l’arrière-grand-père d’Alexandre, au pire moment et, encore aujourd’hui, ils en paient le prix. Ils ont perdu la majeure partie de leur pouvoir et de leur fortune. Ils sont orgueilleux, arrogants et mesquins, mais ils ne sont pas stupides. Ils savent qu’il est plus prudent de hurler avec la meute pour le moment, mais ils attendent leur heure. De l’autre côté, ce sont les représentants des provinces conquises, inutile de commenter… »

« Il y a quelque chose qui ne colle pas dans votre théorie. »

« C’est possible, j’improvise depuis le début. »

« Les membres du Culte des Anges, ils sont dans toute la salle. Il y a des Clercs qui font la queue avec les gens du commun, d’autres qui discutent avec des Généraux. Ils ont même une espèce de loge à leurs couleurs juste en face de celle-ci. »

« Comme vous l’avez dit, ils sont partout…»

Les trompes sonnèrent pour annoncer l’Empereur. Entouré de son conseil, il rejoignit le trône. Il portait une splendide armure d’apparat. La vieille dame se leva pour observer la scène.

« Il a encore mis cette maudite armure. Elle est mal équilibrée, ça lui tasse le dos. »

L’officier et la vieille dame passèrent les trois heures suivantes à discuter de choses et d’autres, attendant que l’Empereur en ait fini des doléances. Lorsque la séance pris fin, l’officier se leva pour aller à la rencontre d’Alexandre. La vieille femme l’arrêta :

« Inutile de descendre, il va venir ici directement. »

En effet, de lourds pas métalliques retentirent dans l’escalier. Quelques instants plus tard, l’Empereur était là. Le Légionnaire se mit au garde à vous. Le tout puissant souverain d’Irosia l’ignora superbement et s’adressa à la vieille femme :

« Mère, vous avez encore fait enfermer vos dames de compagnie dans vos appartements. »

« Vous me mettez un élevage de pintades entre les pattes. Il est normal que je referme le poulailler lorsque je m’absente. Imaginez qu’elles fassent leurs besoins partout dans le palais. »

Le jeune officier se maudissait intérieurement, cette vieille dame bizarre c’était Aurélia, la Lionne d’Irosia, la mère de l’Empereur, l’ancienne régente. La Lionne noire, son emblème, il l’avait sous le nez depuis trois heures. IDIOT ! IDIOT !

« Au fait mon fils, ce jeune homme a un message urgent pour vous » elle lui donna un coup de coude

« ne soyez pas timide, allez-y !»

« Je vous écoute Légionnaire. »

Le jeune homme pris une inspiration :

« Aide de Camp Anton Delga, état major de la Légion Embarquée du Léviathan, votre majesté. Je suis porteur d’une missive urgente de la part du Général Haddenhelm. »

Il tendit le tube scellé, l’Empereur commença à le dévisser.

« Vous pouvez m’en résumer les grandes lignes ? Ashral a fait une percée ? »

« Non votre majesté c’est au sujet de notre frontière avec Xao. Nos observateurs affirment que des navires venus des quatre coins de Drakerys, arborant le pavillon du Marcheur, voguent vers l’Île de Kaïku. »

« C’est normal soldat, la Célébration va bientôt commencer. »

« Pardonnez moi votre majesté, mais ils viennent vraiment de partout : Ashral, Issilia, Kaljoran, des vaisseaux aux armes des Princes de Xao. On dit même que des navires de Kylan et d’Avaren auraient été aperçus. Il y a également un convoi Nain en route. »

L’Empereur alla jusqu’au balcon et contempla la salle du trône, les yeux froids…