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La Conquête des Valgar

Résultats de la conquête

Cette guerre commença dans une ambiance surréaliste. Deux alliances délicates s’étaient formées.

D’un côté, les manœuvres politiques et le trésor de l’Empire d’Irosia avaient rassemblé sous sa bannière une cohorte d’alliés plus ou moins volontaires. Si les soldats d’Avaren étaient présents pour remplir leurs obligations commerciales avec le volontariat qui leur est connu, le reste des troupes de l’alliance irosienne était moins certain de la volonté du conflit. On murmurait que les fiers elfes d’Issilia n’étaient présents que pour éviter l’établissement de colonies kylans au sud de leur terre. Les Xians n’avaient accepté d’envoyer des troupes, déjà fatiguées par leur propre conflit, que contre la promesse de l’effacement d’une partie de leur dette colossale. Ces deux nations ne semblaient pas prêtes à prendre des risques et à perdre des hommes. Quant aux autres, Voyageurs de Tira, Natifs de Kaïku ou encore les mystérieux Xroniens, personne ne semblait vraiment comprendre les raisons de leur présence.

Pour ce qui était de l’alliance ashralienne, le terme même d’alliance semblait surfait. Une seule vraie force les unissait : s’approprier de nouvelles terres et mettre un frein aux ambitions de l’Empereur Alexandre d’Irosia. Ashral ne pouvait se permettre que son puissant voisin se rapproche encore de ses côtes, et les terres fertiles et potentiellement riches en eaux douces étaient nécessaires à revitaliser les terres des clans. Ils demandèrent donc l’appui de leurs cousins à peau rouge : les Kaljorans. Pour les Kylans, ces terres signifiaient de potentielles colonies et une sortie possible de la famine semi-permanente à laquelle ils devaient faire face. Pour les exilés de Hon-Gong cela allait même au-delà : sans terre propre, il s’agissait d’une question de survie. Plus étrange, on trouvait dans leur sillage les mystérieux gobelins d’Ogrod.

Le conflit embrassa l’archipel, et en particulier l’île du Sablier, territoire central et stratégique. Après plusieurs semaines d’escarmouches, le gros des troupes se retrouva de part et d’autre d’une ligne de front centrale.

Dès les premiers jours du conflit, il devint évident que l’état-major Irosien peinait à assurer son autorité en l’absence de l’étendard des légions du Lion. Cela ralentit l’établissement des troupes en ordre de bataille. La menace des hordes de l’alliance ashralienne se déversant sous leurs murailles bâties en toute hâte, força enfin les alliés de l’Orient à s’unir et à contre-attaquer.

Irosia aligna ses troupes et tenta de porter haut les couleurs de l’Empire, mais c’est bien la fougue des Avarens, guerriers blancs du Nord, qui sauva ce jour-là les orientaux d’une défaite éclair. Plus surprenant, aux premières lignes on trouva les habituellement réservés elfes de la République d’Issilia, mais également la curieuse bannière jaune et verte ornée d’un symbole que peu de gens semblaient reconnaître, unifiant les Natifs de Kaïku sous les ordres d’un ancien soldat qui les menait avec expérience au combat. Augmentant encore la confusion, d’autres étendards verts se trouvaient encore derrière ceux-ci, des étendards portés par des nains combattants pour le compte d’Alexandre, et non pour le Royaume de Lonemashan.

D’abord repoussés, les occidentaux se replièrent jusqu’à leurs propres murailles. Les combattants suivant la bannière rouge et blanche commirent l’erreur de sous-estimer les capacités stratégiques de ceux que beaucoup considèrent comme des brutes et des sauvages, et les combattants qui croyaient faire une percée se retrouvèrent rapidement pris en tenaille entre les farouches guerriers orcs et les fiers guerriers Kylans.

Alors que la nuit s’approchait enfin, les différentes armées se replièrent sur leurs positions fortifiées, comptant leurs morts et leurs nombreux prisonniers.

Les stratèges des deux camps se retrouvèrent pour tirer les conclusions de cette première journée : les choses allaient plutôt bien pour l’alliance ashralienne. Si les membres de chaque alliance se méfiaient les uns des autres, et si le respect était une monnaie rare, les orcs verts pouvaient au moins compter sur le but commun et une tradition guerrière commune pour pousser leurs troupes sur le champ de bataille.

Cette première journée donna le ton du reste du conflit : les troupes faisaient des allées et venues sur le champ de bataille qui se mouvait au rythme des prises d’objectifs et positions stratégiques. Peu à peu l’alliance ashralienne gagnait du terrain malgré quelques revers douloureux. Mais alors que le conflit s’enlisait à force d’assauts infructueux, dans l’ombre et à l’abri des regards, des accords se nouaient entre factions des deux camps. Enrageant les plus belliqueux, ces accords sauvait de nombreuses vies, le nombre de prisonniers augmentait et celui des morts diminuait.

D’autant que deux groupes commençaient à accroître la confusion : les alliances avaient fait la découverte des indigènes qui, s’ils ne possédaient pas les troupes nécessaires à séparer les deux armées, semblaient disposer de puissants pouvoirs, étranges et inconnus pouvant modifier jusqu’à l’essence du monde. Ils parlaient entre autres de leur protecteur et du fait que le sang versé risquait de le réveiller.

Cependant ce ne fut pas le choc des épées qui finirait par éveiller quelque chose, mais le second groupe qui vint jouer les trublions dans cette guerre : des mages de toutes nationalités semblaient avoir convergés vers ces îles visiblement sorties des eaux sous l’effet d’un massif afflux de magie.

Si les nations ont leurs divergences, il semble en être de même pour les manipulateurs des arcanes, regroupés en factions aux intérêts divergents et qui cherchèrent des alliés dans les rangs même des troupes en conflit sur les Valgar.

Leur lutte d’influence fut d’abord discrète. Mais au troisième jour du conflit, sur le front du Sablier, alors que le soir tombait, ces mages se défièrent, formant des cercles de magie qui déchaînèrent des torrents de puissance brute.

Quelque chose fut réveillé, dont la seule présence ébranla toutes les troupes présentes sur le Sablier. D’un accord tacite les belligérants se replièrent sur leurs positions respectives dans le but de les fortifier, voyant plus de la moitié du Sabliers aux mains de l’alliance ashralienne, incapable de déloger complètement les troupes de l’alliance irosienne.

Sur le reste de l’archipel, la situation était encore plus favorable aux Ashraliens et à leurs alliés.

Les légions irosiennes du Léviathan n’étaient pas beaucoup intervenues dans le conflit, restées en réserves sur leur navires dans le sud-ouest de l’archipel. Certains racontent même que le Général Irosien, chargé du commandement, n’avait pas engagé toutes les troupes car il essayait de négocier une trêve. Mais peut-on vraiment croire une telle rumeur ?

Les mystérieux Xroniens, les alliés de la dernière minute, même s’ils s’étaient battus sur l’île du Sablier, n’avaient pas été d’une férocité déterminante ailleurs sur l’archipel : ils n’étaient pas vraiment intervenus dans les combats, s’employant à fouiller l’île où ils avaient débarqué quelque part dans le sud.

Les rumeurs laissaient entendre l'établissement d’accords avec les nains de Lonemashan, car ces derniers avaient également entrepris des grandes fouilles de l’autre côté de cette même île, à la recherche de précieux métaux qui expliquaient leur présence même dans les Valgar. Mais contrairement aux Xroniens restés sur leur île, les nains de Lonemashan avaient participé aux combats en attaquant au nord pour soutenir leur alliance.

Il est intéressant de noter qu’une initiative aurait pu renverser la tendance pour l’alliance d’Irosia : employant leur tactique éprouvé par le temps, un débarquement Issilien et Avaren audacieux eut lieu dans les îles du nord-est lors du troisième jour du conflit.

Malheureusement, ils se retrouvèrent rapidement coupés de leurs alliés et encerclés par les flottes d’Ashral, d’Ogrod, de Hon-Gong et des Kylans. Loin de leurs soutiens, il semblait impossible aux elfes de tenir leur île... Étrangement, les trois premières flottes ne débarquèrent pas, se contentant d’établir un blocus, à la grande rage des Kylans ne pouvant opérer un assaut seuls.

Pire encore pour Irosia ! La dispersion des troupes et des flottes avait réduit le soutien et le ravitaillement disponible pour l’île principale des Valgar juste au sud du Sablier. Et alors que, depuis le début du conflit, une défense désespérée maintenait le statu quo sur ce point de passage stratégique, Lonemashan prit pied sur ce territoire revendiqué par l’alliance irosienne…

Après la première semaine de conflit, l’alliance ashralienne contrôle de manière sécurisée plus de territoires qu’Irosia dans les Valgar. Et le conflit semble s’enliser alors que de vieilles querelles refont surface, paralysant les belligérants réduits à se regarder en chiens de faïence, ou à négocier âprement le partage, au vu des objectifs de chacun.

Et pour L’Empereur Alexandre, c’est déjà un échec...